Le Mans 66 : Une course pour la Légende | Belles Machines (2024)

Le 13 novembre sortira en France le film de James Mangold, Le Mans 66 (Ford V Ferrari aux États-Unis et au Canada), consacré à l’édition des 24 Heures du Mans 1966 et au duel entre Ford et Ferrari.

Ce blockbuster se focalise sur le pilote Ken Miles (Christian Bale), engagé au volant d’une des Ford GT40, conçues et préparées par le texan Carroll Shelby (interprété par Matt Damon). Ce film est tiré du livre Go Like Hell : Ford, Ferrari, and Their Battle for Speed and Glory at Le Mans de A. J Baime retraçant la rivalité entre Henri Ford II et Enzo Ferrari.

Table des matières

Pour Henri Ford II, une victoire au 24 Heures du Mans est impérative

Pour le magnat de Detroit et accessoirement petit fils du fondateur, une victoire dans la course alors la plus célèbre au Monde est impérative. Les moyens seront donc illimités.

« Vous feriez mieux de gagner ».

Henry Ford II (PDG de Ford)

C’est par ces quelques mots lapidaires apposés au dos d’une carte postale par Henry Ford II envoyée aux membres de l’écurie Ford au cours de l’été 1965 que l’on peut mesurer l’importance du programme «GT 40».

Une victoire dans l’endurance mancelle répond à la stratégie de développement du constructeur de Dearborn :

  • En Europe, la marque est synonyme de voitures de la pègre et des starlettes
  • Un rajeunissem*nt de son image aux États-Unis. La Mustang est lancée la même année que le programme GT 40 (1964)

Pour Henry Ford II, qui se voit comme un grand capitaine d’industrie et non comme un simple héritier, c’est également l’occasion de mettre la main sur des technologies que ne possèdent pas les constructeurs américains et de ne plus être dans l’ombre de General Motors.

Le fiasco du rachat de Ferrari

Elle laverait et cela n’est pas le moindre des arguments l’affront que lui a fait subir un certain Enzo Ferrari. Henri Ford II avait eu vent en 1963 des difficultés financières que traversaient l’usine de Maranello.

Racheter Ferrari, c’est aussi pour un prix dérisoire vu selon le prisme de Dearborn :

  • Un savoir-faire en matière de voitures de sport
  • D’apposer le nom «Ford» au palmarès des 24 Heures du Mans qui est alors la course automobile la plus médiatisée au monde. En effet, la firme au Cavallino Rampante y est invaincue depuis 1960.

Mais au moment de signer l’acte de vente, «Il Commendatore» fait capoter la vente en apostrophant son bras droit d’une formule restée dans les anales des sports mécaniques :

«Viens Gozzi, allons dîner !».

Enzo Ferrari

Le directeur général de la division automobile de Ford, Donald Frey, resta pantois.

Le mano à mano entre Ferrari et Ford

De là, va naître une querelle d’égos et un duel qui raisonne encore dans la campagne sarthoise car on ne peut dire «non» à l’héritier. Henry Ford II, ne pouvant jouer au coucou avec Ferrari, se tourne vers l’Angleterre.

Au cours de l’été 1963, Ford-Angleterre se rapproche de la firme Lola cornaquée par Eric Broadley. Ce dernier vient de réaliser une berlinette à moteur central très prometteur: La Lola MK6. On lui adjoint comme précieux renfort John Wyer qui dirigeait l’écurie d’Aston Martin. Bruce McLaren est bombardé pilote-essayeur.

Les délais à tenir sont extrêmement cours car cette sport-prototype devra être prêt pour le double tours d’horloge mansois 1964.

En échange de cette collaboration, les ordinateurs et les bancs de puissance tournent à plein régime afin de simuler la résistance des pièces à l’usure. L’unique essuie-glace est conçu par Boeing. On installe dans la Lola MK6 le V8 4,2L Ford de 350 ch.

Le nom de GT 40 est dû sa hauteur : 40 pouces (101,6 cm)

La première GT 40 sort le 1er avril 1964 des ateliers Ford Advanced Vehicles installés près de l’aéroport londonien d’Heathrow.

Les GT 40 débutent en compétition en mai 1964 lors des 1000 km du Nürburgring. Seulement 80 exemplaires «racing» seront construits auquel il faut rajouter une petite cinquantaine de version «civiles » construites pour l’hom*ologation en course. Ces dernières sont peu recherchées des collectionneurs…

Les 3 Ford GT 40 MKII victorieuses du Mans 1966

Ces GT40 MKII (pour Mark 2) se distinguent des MK I principalement en deux points:

  • Elles ont troqué le V8 4,2L en aluminium de 350 chevaux contre un V8 7L de 475 ch qui équipe aussi les Galaxie de Nascar, l’AC Cobra 427 et la Ford Mustang Shelby GT 500
  • Des études aérodynamiques assistées par ordinateurs ont été menées pour améliorer le refroidissem*nt du moteur et réduire la trainée. La GT 40 n’a aucun aileron arrière alors qu’elle tutoie les 320 km/h sur la ligne droite des Hunaudières.

Le Mans 66 : Un second débarquement

Le géant américain n’avait pas fait les choses à moitié pour l’endurance mancelle. 8 GT 40 MKII (plus une faisant office de «mulet»), 100 personnes et 21 tonnes de matériels appartenant à des «écuries indépendantes» débarquent en terre sarthoise. Elles sont épaulées par 5 GT MKI.

Au final, 55 voitures sont engagées dont huit Ferrari (trois nouvelles P3, quatre 365 P2 et une 275 LM) ainsi que trois Dino venues disputer la classe 2 litres aux Porsche et aux Matra-BRM.

Les Ford GT MK II réalisent un triplé lors des 24 Heures du Mans 1966

L’épreuve, malgré cette victoire sans appel, ne fut pas une partie de plaisir car sur les 13 Ford GT engagées, seulement trois passèrent la ligne d’arrivée. Autre fait d’arme, la vitesse moyenne de l’équipage victorieux est de 201 km/h ! Les Ford terminant aux deux premières places appartiennent au team Shelby-American.

La Scuderia Ferrari est totalement sur-classée. Elle ne réussit qu’à placer une de ses voitures à une maigre8e place avec 47 tours de retard !

Suite à cette débâcle, plus aucune voiture du «Il Commendatore» ne remportera les 24 Heures Du Mans

Henry Ford II, qui avait été accueilli en chef d’état par l’organisateur et qui avait été choisi pour abaisser le drapeau donnant le signe du départ, peut désormais savourer son succès.

Le Goliath de Detroit a terrassé le David de Maranello !

Un final en forme de tragédie grecque

A quelques tours de l’arrivée, l’écurie Ford intime l’ordre à Ken Miles dont la victoire lui est acquise avec 3 minutes d’avance de ralentir la cadence afin que Bruce McLaren puisse le rattraper. Miles furieux s’exécute ! Les Ford GT 40 numéros 1 et 2 passent donc la ligne d’arrivée côte à côte.

L’organisateur ( L’ACO) décide qu’il n’y aura pas de vainqueurs ex æquo. C’est celui qui a parcouru la plus longue distance qui sera déclaré vainqueur. Comme l’équipage Miles/Hulme avait réalisé le meilleur temps aux essais, il était mieux placé sur la ligne de départ en épi. Officiellement, c’est donc l’équipage McLaren/Amon qui remporte les 24 Heures du Mans 1966 en ayant parcouru quelques mètres (10) de plus que le duo Miles/Hulme. Le podium est complété par la Ford GT 40 numéro 5 de Ronnie Bucknum/Dick Hutcherson qui illustre cet article.

Cette erreur d’interprétation du règlement par Ford fait de Ken Miles un héros sans couronne de laurier. Il décédera deux mois plus tard sur le circuit de Riverside alors que les GT 40 remporteront les éditions 1967 et 1968 de l’endurance mancelle.

L’héritage de la Ford GT40

L’épopée des GT40 au 24 Heures du Mans n’est pas passé à la trappe au XXIe siècle. Le constructeur de Dearborn relancera la supercar en 2005 et 2006 puis une seconde Ford GT moderne à partir de 2017

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Author: Tyson Zemlak

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